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[Interview] Mickaël Bertrand est professeur d’histoire, géographie, éducation morale et civique

Mickaël Bertrand est professeur d’histoire, géographie, éducation morale et civique au lycée Anna Judic de Semur-en-Auxois. Il est aussi coordonnateur de l'association Inversons la Classe dans l’Académie de Dijon.
Nous avons pu échanger avec lui le 10/03/20, à l’heure où les établissements du Haut Rhin et de plusieurs autres départements venaient de fermer leurs portes.

Il a partagé avec nous quelques réflexions sur les problématiques de fermeture d’établissement, et des pistes de réponses issues de ses expériences de pédagogie inversée.

Comment pensez-vous que les pédagogies actives, dont les classes inversées peuvent être un outil utile dans le contexte actuel de fermetures d’établissement ?

Assez tragiquement, cette épidémie nous permet de montrer l'un des intérêts des classes inversées, qui portent une réflexion sur le temps de présence et le temps à distance de la salle de classe.
L'une des modalités des classes inversées consistent en effet à extérioriser des activités de bas niveau cognitif en dehors de la classe (à la maison, au CDI, dans le bus, etc.) de façon à optimiser les activités proposées lors des temps de classe.

Le moment où le professeur est en présence avec ses élèves, et où ces derniers sont en coprésence et en co-construction constitue en effet un moment exceptionnel d’un point de vue pédagogique, pour pouvoir construire collectivement des compétences ambitieuses.

Dans le contexte actuel, nous sommes en situation de distance forcée, Il est certes possible de continuer à travailler mais en gardant à l’esprit que nous ne pouvons pas tout faire à distance. Cela demande un certain sacrifice dans les activités que nous allons pouvoir proposer aux  élèves afin de préparer ensemble le retour en classe.

Dans les outils qui peuvent permettre de mettre en relation les profs et les élèves, est ce que vous pensez qu’avoir des systèmes de visioconférence peuvent répondre à certaines activités qui étaient faites dans le cadre des Classes Inversées, en classe et qui pourraient être faites à distance ?

Dans la situation actuelle, non. Car nos élèves n’ont pas été formés pour cela. Ces outils peuvent être compliqués à utiliser. Animer une classe avec plusieurs élèves dans le cadre d’une visioconférence requiert une méthodologie particulière. L'utilisation avec des enseignants est déjà compliquée et demande de respecter certaines règles et un protocole précis . Si les élèves n’ont pas été formés en amont, cela sera très compliqué.

Dans l'urgence de la situation, il faudra malgré tout mobiliser de tels outils en prenant quelques précautions Il convient de rappeler qu'une visioconférence doit être très limitée en temps - une durée maximum de 40 à 50 min semble raisonnable, afin de limiter la perte d'attention des élèves.

Sauf peut-être pour les établissements qui ne sont pas encore fermés et qui s’organisent maintenant en se préparant à une éventuelle fermeture ? (NDLR...) 

Il faut pour cela, il faut que les collègues soient formés dans un premier temps, pour qu’ils puissent ensuite former leurs élèves - Mais cela nécessite plusieurs semaines de préparation. D’autres propositions existent, mais elles posent des  problèmes en termes de RGPD : Facebook Live, Instagram Live, Youtube live, Discord, Skype, ... sont des outils que nos élèves maitrisent déjà et qui ont le mérite de permettre des enregistrements afin de diffuser ces ressources aux éventuels absents. On peut en effet produire une petite capsule de cours qui peut être regardé a posteriori par l’élève. Ces outils pourront probablement être mobilisés exceptionnellement pour faire face à une situation qui est elle même exceptionnelle.

Nous avons parlé du numérique sur l’accompagnement pendant cette période, et qu’en est-il des supports papier ?

Sur certains retours que je peux avoir de collègues de Mulhouse notamment, il y a un système de pochettes mis en place que les parents viennent chercher au fur et à mesure de la semaine. Cela semble être la solution la plus simple pour les plus jeunes, et devrait permettre aux élèves de travailler sans avoir besoin d'acheter des "cahiers de vacances". Néanmoins, cela nécessite que les parents puissent se déplacer et puissent assurer le lien entre l’école et la maison ce qui n’est pas toujours facile.

Et pour les établissements qui sont équipés en manuels papier ?

Pour le moment, je n’ai vu aucune réflexion sur les réseaux sociaux évoquant une mobilisation particulière des manuels scolaires. Néanmoins, la réflexion existe aujourd’hui au sein des équipes enseignantes qui inventent de nouvelles modalités d'utilisation des manuels et re-découvrent que ces outils proposent parfois des situations d'apprentissage et activités clefs en main. Les manuels scolaires ont donc encore toute leur place dans l'éducation aujourd'hui car ils se sont très largement renouvelés ces dernières années et que les éditeurs continuent à développer de nouvelles solutions afin de répondre aux nouveaux défis de l'enseignement du XXIe siècle.

 

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